Le Mur / La taupe
En vacances à la ferme de mes grands-parents, on me demandait de dormir dans la cuisine au bout d'une longue table en chêne, sur un lit collé contre un mur.
Je me réveillais souvent avant tout le monde et avais pour consigne de ne pas me lever et d'attendre... attendre. C'est la lumière qui passait à travers les volets en long filets de poussière, qui me faisait ouvrir les yeux.
Je ne bougeais pas et attendais, attendais....le nez collé contre le mur.
Ce mur couvert d'un crépis épais faisait comme des petites tâches écrasées (beige-ocre), (ocre-beige) (beige-ocre), (ocre-beige)
En scrutant longtemps le mur et en me concentrant, il finissait par s'animer et je devinais alors un autre monde derrière, monde fait de petites têtes de bonne femme prises de conversations, de batailles de boules de neige interminables sur des champs argileux, des feuilles ensablées striées de vernures emmurées et le vent...le vent...le vent.
J'entendais en même temps le cliquetis des vaches attachées à l'étable, de l'autre côté de la cour.
La taupe