Quelqu'un-Quelqu'une...

Publié le par Médiathèque Bagnolet

Ici, quelqu’un regarde par la  fenêtre

Ici, quelqu’un s’évade sur les branches d’un chêne

Ici, quelqu’un n’est plus ici, mais là-bas loin .


Quelqu’un là bas loin n’est plus ici, mais là bas loin .

Quelqu’un loin là bas rit danse et se peint le visage

Quelqu’un n’a rien à faire de ce qu’on lui dit ici tout près .

Quelqu’un prend les armes se rebelle, bêle.

Quelqu’un devient quelqu’une .


Quelqu’une se tait, regarde, aime sentir la pluie le soleil autour d’elle la campagne .

Quelqu’une surprise sort de chez elle clignant de l’œil, et l’air perdu, veut battre la campagne

Quelqu’une  sent le vent lui battre le visage adore la sensation du vent

Quelqu’une aime sentir le vent au bord de l’océan

Quelqu’une aime rouler à cent à l’heure à bord d’une DS 19 .

Quelqu’une adore plonger dans le vide du ciel qui galope au-dessus d’elle .


Quelqu’une aiguise ses flèches dans l’odeur des troènes

Quelqu’une guette et hausse les épaules ronchonnant

Quelqu’une dans l’obscur jure qu’on ne l’y reprendra plus

Quelqu’une jette un sort au fond d’une cheminée volcanique

Quelqu’une perdue scrute alentour du cratère

Quelqu’une a perdu quelque chose et regarde par  terre


Quelqu’une va  vient en se tordant les mains

Quelqu’une est une sorcière, elle prépare des tombes dans la terre

Quelqu’un tombe en effet  au milieu du boulevard,les voitures klaxonnent, les girophares s’agitent, lui ? elle ?   étendu là inerte dessus le macadam qui ruisselle .


Cet un  cette une  croient  qu’il ou elle meurt et  c’est  sa dernière heure .


Quelqu’un à  l’horizon voit venir l’oiseau le délivrer

Quelqu’une est ivre, sort d’un troquet  pisse par terre

Quelqu’un la regarde faire s’émeut et la salue

Quelqu’une  relève la tête  voit l’autre  se tait

Quelqu’une  relaie la  muette boulevard de la muette pense à son amour

 mort noyé dedans la mer .

Quelqu’une, une  mère , songe creux songe à rien  

Quelqu’une  à perdre haleine  court après personne son chien ou   rien

Quelqu’une en  forêt  perd  ses lacets  de souliers enterrés à jamais


Quelqu’un au-delà des forêts rêve qu’il nage en plein ciel, cheveux épars, en plein soleil, loin plus  loin que nuages sa pensée .

Quelqu’un coud à sa table un point de surjet sur une liseuse  tricotée  pour Noël

Quelqu’un frappe le fer le pose chaud sur le pied d’un cheval au fond d’une forge

Quelqu’un se prend pour un maréchal ferrand, il  sait qu’il demeure  ouvrier à la chaîne .

Quelqu’un refait à chaque instant le   geste de s’essuyer le front au dessus d’une cuisinière 

Quelqu’un discute dehors ,sa voix éclate à l’intérieur, ose plastiquer le ministère de l’intérieur


Quelqu’un passe pour fou se moque de tout  rencontre quelqu’une l’emmène boire la nuit

tangue à minuit sur une musique de jazz fermant  les  yeux oublie

qu’elle est quelqu’un qu’il est quelqu’une    .

 

 Madeleine O.


Publié dans "Entre midi et deux"

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