Résidence à Bagnolet et atelier Web
Pour un auteur, une résidence d’écriture c’est vital, parce qu’on met en partage ce qui nous est le plus nécessaire : le langage, comment lui-même se transforme pour nous aider à comprendre l’énigme du monde, lorsque ce monde change trop vite, est soumis à trop de difficultés, et même nous fait peur.
Les bibliothèques sont l’antidote à cette peur : lieu de transparence (et surtout celle de Bagnolet, ouverte sur la ville), mais lieu de prise de distance et de réflexion. Et aussi un lieu vivant : lieu de parole, d’échange, de mise en travail, mais toujours en lien avec cette mémoire dont témoignent les livres.
Par exemple, je me souviens de façon étonnante des rencontres et des textes lors d’une précédente expérience, en 1998, au centre Pablo Neruda : c’est notre regard sur la ville, sur le réel, qui changent.
Aujourd’hui, tout va plus vite, et prend de nouvelles formes : ainsi le rôle de l’ordinateur. C’est sous ce signe que je voudrais placer cette résidence.
Aller au lycée, et écrire ensemble. Rencontrer une des grandes entreprises des tours de Bagnolet, et écrire ensemble. Et ceux qui aujourd’hui se forment aux nouvelles technologies, est-ce que la littérature peut compter encore ?
Dans ces dix mois de présence commune, rendre tout cela visible ces écrans, qui ne sont pas réservés qu’au bruit général et consensuel. Les mots, les échanges, deviendront aussitôt trace vivante.
François Bon